Chronologie de l'affaire Dreyfus

Version May 2000

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Placés sous la direction du Lieutenant-colonel Sandherr, les Services de Renseignements français ("Section de Statistique"), prévenus par l'ex-attaché militaire espagnol Valcarlos, interceptent et suivent avec attention une correspondance intime échangée entre l'attaché militaire allemand Maximilian von Schwartzkoppen et l'attaché militaire italien Alessandro Panizzardi. Depuis 1887, l'Allemagne et l'Italie ont formé avec l'Autriche une triple alliance (La Triplice), coalition militaire hostile à la France.

24 juin 1894

    • Le président Sadi Carnot est assassiné à Lyon par un anarchiste italien, Caserio.

27 juin 1894

    • Jean Casimir-Périer devient Président de la République.

20 juillet 1894

    • Le Commandant d'infanterie Ferdinand Walsin-Esterhazy qui, par ses liens avec plusieurs bureaux des Services de Renseignements, s'est trouvé en contact des documents confidentiels, offre ses services à Schwartzkoppen.

15 août 1894

    • Schwartzkoppen rémunère Esterhazy contre l'obtention de documents secrets relatifs à la mobilisation de l'armée française.

26 septembre 1894

    • Les Services de Renseignements interceptent un message (expédié par Esterhazy, mais non signé) reçu le 1er septembre par Schwartzkoppen. Ce document sera désormais connu comme "le bordereau".
    • Son contenu semble indiquer que l'espion qui l'a transmis est un officier d'artillerie, membre de l'Etat-Major, qui a dû faire une série de stages dans différents bureaux.

6 octobre 1894

    • A la suite d'une rapide enquête, une demi-douzaine d'officiers semble correspondre à cette description du traître, et parmi eux le capitaine Alfred Dreyfus, un officier d'artillerie membre de l'Etat-Major. Il est originaire d'Alsace, annexée à l'Empire allemand depuis la guerre de 1870-1871, et plusieurs membres de sa famille continuent à y vivre. En tant qu'officier stagiaire, il a effectué plusieurs séjours dans les différents bureaux du Ministère de la Guerre. Mais le fait qu'il soit Juif est particulièrement remarqué par le Colonel Sandherr et son adjoint, le Colonel Fabre, tous deux ardents antisémites. Ils communiquent leurs soupçons au Général Mercier, Ministre de la Guerre dans le cabinet Dupuy.

15 octobre 1894

    • Après avoir consulté des experts en écritures, mais sans véritable preuves, le Général Mercier, ainsi que les Chefs de l'Etat-major, le Général de Boisdeffre et son adjoint le Général Gonse sont maintenant convaincus que c'est Dreyfus qui a véritablement communiqué les documents secrets aux Allemands. Afin d'obtenir un exemple d'écriture irréfutable, le Commandant du Paty de Clam, chargé de l'enquête, demande à Dreyfus d'écrire une lettre sous sa dictée reprenant des membres de phrases tirées du "bordereau". Devant ce qu'il interprète comme des similarités suffisantes, il accuse Dreyfus de trahison et le fait arrêter. En dépit de ses protestations d'innocence, il est écroué immédiatement à la prison militaire du Cherche-Midi.

31 octobre 1894

    • Grâce à une fuite des bureaux de l'Etat-major, Edouard Drumont, l'éditeur du journal antisémite La Libre Parole, apprend l'arrestation d'un traître. Le numéro du Soir l'identifie et, le lendemain, La Libre Parole commence une violente campagne contre l'officier juif.

3 novembre 1894

    • Le Commandant d'Ormescheville commence son enquête judiciaire et, le 3 décembre, conclut qu'un procès en cour martiale s'impose.

19-22 décembre 1894

    • Pendant le procès en cour martiale, tenu à huis-clos, les juges hésitent toujours devant les preuves, y compris celle d'une démonstration grotesque de l'expert en écritures Bertillon. Obéissant aux ordres du Général Mercier, le Commandant Henry communique alors aux juges un dossier contenant une lettre datée de mai 1894 de l'attaché militaire italien mentionnant "ce [sic] canaille de D...". Cependant, au nom de la sécurité nationale, le défenseur de Dreyfus, Maître Demange, un civil, n'est pas mis au courant de ce "dossier secret".
    • Les juges de la cour martiale sont maintenant convaincus par toutes ces preuves et prononcent, à l'unanimité, Dreyfus coupable de haute trahison et le condamnent à une dégradation militaire publique suivie d'une déportation à perpétuité.

31 décembre 1894

    • La requête en appel de Dreyfus est rejetée.

5 janvier 1895

    • La dégradation de Dreyfus se déroule en public dans la cour de l'Ecole Militaire. Un officier de la Garde Républicaine lui arrache un à un ses galons et ses boutons, puis brise son sabre en deux. Dans le public assistant à la cérémonie se mêlent aussi bien de sincères patriotes que des antisémites exaltés conspuant le "traître" qui ne cesse cependant de proclamer son innocence.
    • Plusieurs journaux répandent la version d'une confession que Dreyfus aurait faite au Capitaine Lebrun-Renaud.

17 janvier 1895

    • Félix Faure succède comme Président de la République à Jean Casimir-Périer qui vient de démissionner à la suite d'une crise politique mineure.
    • Un nouveau cabinet est formé sous la direction du premier ministre Alexandre Ribot. Ludovic Trarieux est nommé Ministre de la Justice.

22 février 1895

    • Départ de Dreyfus pour la Guyane.

12 mars 1895

    • Arrivée de Dreyfus en Guyane.

13 avril 1895

    • Dreyfus est transféré à l'Ile du Diable, où il est immédiatement placé en isolement total.

1 Juillet 1895

    • Le Colonel Sandherr, mourant, est remplacé par Georges Picquart, un lieutenant-colonel alsacien comme Dreyfus, choisi au sein de l'Etat-major parmi d'autres officiers, y compris le Commandant Henry.

28 octobre 1895

    • Un nouveau cabinet est formé par Léon Bourgeois.

Mars 1896

    • Un autre message de l'Ambassade d'Allemagne -- le "petit bleu"-- destiné à Esterhazy, est intercepté par les services de renseignements.

29 avril 1896

    • Un nouveau cabinet est formé par Jules Méline. Le Général Billot est nommé ministre de la Guerre.

30 juillet 1896

    • En consultant le dossier Dreyfus, Picquart s'aperçoit que l'écriture d'Esterhazy est similaire à celle du "bordereau" et se rend compte que Dreyfus a été condamné injustement.

5 août 1896

    • Picquart informe le chef de l'Etat -major, le Général de Boisdeffre, de ses soupçons vis-à-vis de Esterhazy.

3 septembre 1896

    • Picquart essaie en vain de convaincre son supérieur direct, le Général Gonse, de l'innocence de Dreyfus.
    • Un journal anglais annonce la fausse nouvelle de l'évasion de Dreyfus.
    • Des mesures sont donc prises à l'Ile du Diable pour éviter que cela ne se produise: la nuit, Dreyfus est ainsi mis aux fers.

14 septembre 1896

    • Grâce à une fuite venue de l'Etat-major, L'Eclair mentionne la pièce accablante du procès, "ce [sic] canaille de D...", transformé pour plus d'effet en "ce canaille de Dreyfus". Mais, par la même occasion, il divulgue, pour la première fois, l'existence de ce dossier secret qui a été communiqué uniquement aux juges pendant le procès de décembre 1894.

18 septembre 1896

    • Invoquant la révélation de ce dossier secret, Lucie Dreyfus adresse une pétition à la Chambre des députés.
    • Henry commence à falsifier des documents pour charger le dossier Dreyfus et discréditer Picquart.

27 octobre 1896

    • Les Généraux de Boisdeffre et Gonse éloignent Picquart de son poste à Paris.

31 octobre 1896

    • Picquart maintenant écarté, Henry peut produire une nouvelle preuve contre Dreyfus: une lettre que Panizzardi aurait envoyée à Schwartzkoppen nommant explicitement Dreyfus comme agent secret. Ce document, fabriqué par le faussaire Lemercier-Picard à la demande du Commandant Henry, sera connu plus tard sous le nom de "faux Henry".

6 novembre 1896

    • Lucie Dreyfus, son épouse, et Mathieu Dreyfus, son frère, continuent à se battre pour obtenir une révision pour l'officier injustement condamné. Leurs efforts réussissent à convaincre l'écrivain Bernard Lazare qui publie la brochure Une Erreur judiciaire, à Bruxelles.

10 novembre 1896

    • Grâce à une nouvelle fuite de l'Etat-major destinée à prouver la culpabilité de Dreyfus, Le Matin publie une copie du document accablant de 1894, le "bordereau".

26 décembre 1896

    • Le Général Gonse parvient à éloigner définitivement Picquart, envoyé en mission dangereuse en Tunisie où des indigènes se rebellent contre l'impérialisme colonial français.

7 février 1897

    • Jules Guérin organise la Ligue antisémitique française.

21-26 juin 1897

    • En permission à Paris, Picquart, craignant pour sa vie, fait part de ses convictions à son avocat Louis Leblois, un ami alsacien de longue date. Il lui demande cependant de ne pas révéler publiquement son secret ni le nom d'Esterhazy.

13 juillet 1897

    • Leblois rencontre le Vice-Président du Sénat, l'alsacien Auguste Scheurer-Kestner, et réussit à le convaincre de l'innocence de Dreyfus, l'engageant toutefois à mener sa propre enquête. Cependant, forcé de garder le secret par Leblois, Scheurer-Kestner ne parvient pas à trouver de preuves significatives, d'autant plus que les Services de Renseignements se refusent à communiquer des documents militaires confidentiels à un civil. C'est ainsi qu'il ne peut révéler le nom d'Esterhazy à Mathieu Dreyfus lorsqu'il reçoit sa visite.
    • La presse antisémite se déchaîne contre Scheurer-Kestner qui, souffrant d'un cancer avancé, est présenté comme gâteux et vendu au "syndicat" juif.

17 août 1897

    • Le Ministre de la Guerre Billot fait mettre Esterhazy en retraite d'active "pour infirmité temporaire", tant il devient embarrassant.

16 octobre 1897

    • Au cours d'une réunion avec Billot, Gonse, Henry et du Paty de Clam décident cependant de prévenir Esterhazy des accusations qui pèsent contre lui.

18 octobre 1897

    • Esterhazy reçoit une lettre conçue par du Paty de Clam, mais écrite par Mme Henry et signée "Espérance", l'engageant à se montrer plus prudent.

23 octobre 1897

    • Esterhazy rencontre Schwartzkoppen pour la dernière fois. Un peu plus tard, au Parc Montsouris, il a une entrevue secrète avec du Paty de Clam, déguisé, qui l'assure de sa protection.

29 octobre 1897

    • Scheurer-Kestner rencontre le Président Félix Faure, sans aucun résultat tangible.

30 octobre 1897

    • Scheurer-Kestner déjeune avec son vieil ami Billot, qui l'exhorte à faire preuve de patience.

3 novembre 1897

    • Scheurer-Kestner a une entrevue avec le Premier Ministre Méline.

6 novembre 1897

    • Bernard-Lazare rencontre Emile Zola.

8 novembre 1897

    • Leblois rend visite à Zola.

10 novembre 1897

    • Esterhazy, avec l'accord de Henry ou bien de du Paty de Clam, envoie des lettres anonymes à Scheurer-Kestner lui donnant des rendez-vous secrets, puis fait adresser par sa maîtresse, Marguerite Pays, des messages secrets à Picquart, signés "Speranza" et "Blanche". Des faux sont aussi placés dans son dossier de manière à le faire passer pour l'auteur du "petit bleu" qu'il avait lui-même découvert en mars 1896.

11 novembre 1897

    • Par un extraordinaire hasard, M. de Castro, un agent de change sud-américain, remarque un fac-similé du bordereau en vente dans un kiosque à journaux grâce aux efforts de Mathieu Dreyfus pour rendre le document le plus visible dans l'espoir que quelqu'un en reconnaisse l'écriture. Castro identifie immédiatement cette écriture comme étant celle d'un de ses clients, le Commandant Esterhazy et se met immédiatement en contact avec Mathieu Dreyfus.

12 novembre 1897

    • Mathieu Dreyfus se rend chez Scheurer-Kestner pour vérifier si Esterhazy est la personne dont il avait refusé de révéler l'identité. Scheurer-Kestner peut enfin lui confirmer qu'Esterhazy est le véritable traître.

12-13 novembre 1897

    • Scheurer-Kestner reçoit chez lui Mathieu Dreyfus, Leblois et Zola.
    • A l'Ile du Diable, la hutte de Dreyfus est entourée d'une double palissade haute de deux mètres.

13 novembre 1897

    • Schwartzkoppen reçoit l'ordre de quitter son poste à Paris.

15 novembre 1897

    • Scheurer-Kestner proclame l'innocence de Dreyfus dans une lettre ouverte au Temps.
    • Schwartzkoppen quitte Paris pour un nouveau poste.

16 novembre 1897

    • Mathieu Dreyfus dénonce Esterhazy au Ministre de la Justice et l'attaque en justice.

17 novembre 1897

    • A la suite de cette accusation, le Gouverneur militaire de la ville de Paris, le Général Saussier, ordonne l'ouverture d'une enquête sur Esterhazy, confiée au Général de Pellieux.

25 novembre 1897

    • Zola commence un campagne en faveur de Dreyfus dans Le Figaro.

26 novembre 1897

    • Picquart est rappelé à Paris pour être interrogé dans le cadre de l'enquête sur Esterhazy.

28 novembre 1897

    • Le Figaro commence à publier des lettres d'Esterhazy à l'une de ses anciennes maîtresses, Madame de Boulancy, qui les a elle-même communiquées au journal: il y étale son mépris pour les Français, exprimant même son souhait d'être un Uhlan pour en massacrer le plus possible.

3 décembre 1897

    • L'enquête du Général de Pellieux innocente Esterhazy. Mais, par un prudent calcul, une deuxième enquête est ordonnée, menée par le Commandant Ravary.

4 décembre 1897

    • Le Premier Ministre, Jules Méline, déclare à la l'Assemblée Nationale: "Il n'y a pas d'affaire Dreyfus."

7 décembre 1897

    • Au Sénat, Scheurer-Kestner essaie en vain de convaincre ses collègues.

13 décembre 1897

    • Zola publie "Lettre à la Jeunesse".

26 décembre 1897

    • Trois experts en écriture, MM. Belhomme, Varinard et Couard, déclarent que le bordereau n'est pas de la main d'Esterhazy.

1er janvier 1898

    • Le rapport de Ravary conclut qu'aucune preuve ne peut être retenue contre Esterhazy et qu'une cour martiale serait ainsi inutile. Le Général Saussier décide cependant de procéder à une cour martiale pour laver définitivement Esterhazy de tout soupçon.

4 janvier 1898

    • Zola publie sa "Lettre à la France"

10-11 janvier 1898

    • Le procès Estherhazy, très vite tenu à huis-clos, se termine par un acquittement à l'unanimité.
    • En contraste, le Colonel Picquart est inculpé pour avoir révélé des secrets militaires à des civils et mis aux arrêts dans la prison militaire du Mont-Valérien.
    • Cependant, Scheurer-Kestner, avec l'accord de la famille Dreyfus, a rencontré de plus en plus d'intellectuels -- ainsi que les appelle la presse anti-dreyfusarde -- convaincus de l'innocence de Dreyfus comme Joseph Reinach, Marcel Prévost, Anatole France, Georges Clemenceau et Emile Zola.

13 janvier 1898

    • Dans le journal L'Aurore, dont Georges Clemenceau est le rédacteur politique, Emile Zola publie une "Lettre au Président de la République", accusant les experts en écriture d'être aveugles et l'Etat-Major d'avoir rendu une sentence inique vis-à-vis de Dreyfus ainsi que d'avoir sciemment manigancé l'acquittement du véritable coupable, Esterhazy. Intitulé "J'accuse...!" par Clemenceau, le pamphlet cherche surtout à forcer la révision du procès Dreyfus, si les accusations de Zola pouvaient se révéler comme étant non-diffamatoires.
    • La Chambre des députés vote pour intenter un procès à Zola.
    • Le mandat de Scheurer-Kestner comme vice-président du Sénat n'est pas reconduit.
    • De violentes émeutes antisémites éclatent en Algérie.

14-16 janvier 1898

    • L'Aurore publie une série de pétitions signées par des "intellectuels" - écrivains, universitaires, savants -- réclamant la révision du procès Dreyfus. Marcel Proust, l'un des inspirateurs, réussit à obtenir la l'influente caution de la signature d'Anatole France.

18 janvier 1898

    • Billot introduit officiellement une plainte judiciaire contre Zola et L'Aurore.

21 janvier 1898

    • A leur tour, les trois experts en écriture "accusés" par Zola l'attaquent en justice pour diffamation.

7-23 février 1898

    • Le procès Zola se déroule devant la Cour d'Assises de la Seine au Palais de Justice à Paris. Ses défenseurs sont Maîtres Labori et Clemenceau, le frère de l'homme politique.
    • Les sessions, au cours desquelles se produisent de nombreux incidents, se déroulent dans une atmosphère extrêmement tendue: plusieurs témoins ne sont même pas entendus; le Général de Boisdeffre essaie d'intimider le jury; une violente campagne orchestrée par la presse antisémite se déchaîne; la populace antidreyfusarde crée des scènes d'émeute jusqu'au Palais de Justice; Clemenceau et Drumont, puis Picquart et Henry se battent en duel. L'opinion publique est divisée: invoquant des idéaux sincères ou des raisonnements absurdes et haineux, des membres de toutes les classes sociales prennent parti et s'engagent.
    • Cependant, au cours du procès, le Général de Pellieux commet l'erreur de révéler l'existence de documents contenus dans le dossier secret distribué aux juges de la cour martiale qui a jugé Dreyfus en 1894. Il cite le document élaboré par Henry (le "faux Henry"), permettant ainsi d'ouvrir la possibilité d'une révision.

20 février 1898

    • Fondation de la Ligue des droits de l'homme et du citoyen, avec Ludovic Trarieux comme président, assisté de Emile Duclaux, Edouard Grimaux et Francis de Pressensé.

23 février 1898

    • Zola est reconnu coupable et condamné à la peine maximale pour diffamation: un an de prison et 3000 francs d'amende.

26 février 1898

    • Picquart est, par décret, révoqué de l'Armée.
    • Zola fait appel contre sa condamnation.

13 mars 1898

    • Lemercier-Picard, le faussaire qui a fabriqué le document cité par le Général de Pellieux un mois plus tôt (le "faux Henry"), est retrouvé pendu à l'espagnolette de sa chambre d'hôtel. Les circonstances de sa mort restent suspectes.

2 avril 1898

    • Acceptant les raisons avancées par les avocats de Zola, la Cour d'appel annule le verdict du 23 février et lui accorde un nouveau procès.

23 mai 1898

    • Deuxième procès de Zola, Versailles. Labori fait appel. Le procès est suspendu.
    • Dans son Petit Journal, Ernest Judet publie "Zola père et fils", un article dans lequel il s'attaque à la mémoire de François Zola.

24 mai 1898

    • Zola attaque Judet pour diffamation.

15 mai 1898

    • Démission du gouvernement Méline.

16 juin 1898

    • La Cour d'appel rejette la requête de Labori introduite le 23 mai.

28 juin 1898

    • Un nouveau gouvernement est formé par Henri Brisson, avec Godefroy Cavaignac comme Ministre de la Guerre.

7 juillet 1898

    • Essayant une fois pour toutes de clore les débats à la Chambre des députés, Cavaignac leur présente comme preuves plusieurs documents, sans se douter que s'y trouve un faux, le "faux Henry". Picquart et le leader socialiste Jean Jaurès mettent Cavaignac au défi en dénonçant publiquement l'imposture du document.

9 juillet 1898

    • Zola est condamné pour diffamation vis-à-vis des trois experts en écriture à deux mois de prison avec sursis, plus une amende de 2000 francs. Il est aussi astreint à verser 5000 francs pour dommages à chacun des experts.

12 juillet 1898

    • Esterhazy est inculpé pour escroquerie vis-à-vis de son neveu et pour avoir envoyé de faux télégrammes à Picquart en novembre 1897.

13 juillet 1898

    • Picquart est écroué pour la deuxième fois sur ordre de Cavaignac pour avoir divulgué des documents militaires à un civil, Maître Leblois.

18 juillet 1898

    • Deuxième procès Zola à Versailles.
    • Zola est condamné une nouvelle fois à un an de prison avec 2000 francs d'amende.
    • Pour éviter que la sentence ne lui soit notifiée et continuer son combat, Zola s'exile en Angleterre. Labori fait appel.

19 juillet 1898

    • Labori fait également appel pour le verdict concernant les trois experts.

26 juillet 1898

    • Zola est radié de l'ordre de la Légion d'honneur.

3 août 1898

    • Judet et Le Petit Journal sont condamnés pour diffamation.

5 août 1898

    • La Cour d'appel rejette le pourvoi du 19 juillet.

10 août 1898

    • La Cour d'appel renforce le verdict du 9 juillet vis-à-vis des trois experts et condamne Zola à un mois de prison ferme et à une amende de 2000 francs. Il devra en outre verser 10 000 francs pour dommages à chacun des trois experts.

12 août 1898

    • Toutes les charges contre Esterhazy bénéficient d'un non-lieu.

13 août 1898

    • Au cours de recherches dans le dossier Dreyfus, toujours maintenu secret dans les bureaux des Services secrets, le Capitaine Cuignet, un antidreyfusard, se rend compte que certains documents ont été falsifiés, surtout celui nommant explicitement Dreyfus comme un agent au service de l'Allemagne. C'est ce document qui a été communiqué secrètement aux juges par Henry au procès Dreyfus d'octobre 1896 (le "faux Henry") et que Cavaignac a mentionné à l'Assemblée nationale le 7 juillet. Cuignet accuse Henry d'avoir falsifié des documents pour s'assurer de la condamnation de Dreyfus. Les mobiles, très discutables, de Henry auraient pu être de couvrir Esterhazy (agissant dès lors comme un agent double) et de protéger ses supérieurs.

27 août 1898

    • Esterhazy est mis à la réforme pour mauvaise conduite.

30-31 août 1898

    • Henry confesse ses actions à Cavaignac. Il est écroué à la prison militaire du Mont-Valérien où, le soir même, il se suicide en se tranchant la gorge avec un rasoir dans sa cellule.
    • Les Généraux de Boisdefrfe et de Pellieux demandent être relevés de leurs fonctions.
    • Esterazy s'enfuit en Belgique, puis en Angleterre.

3 septembre 1898

    • Le Ministre de la Guerre Cavaignac écrit une lettre de démission bientôt affichée dans toute la France.
    • Une fois de plus, Lucie Dreyfus demande un pourvoi en révision du procès de décembre 1894.

5 septembre 1898

    • Le Général Zurlinden, Gouverneur militaire de la Ville de Paris, remplace Cavaignac comme Ministre de la Guerre

6 septembre 1898

    • Charles Maurras fait l'éloge de Henry, faussaire patriotique et homme d'honneur.

17 septembre 1898

    • Le Général Zurlinden refuse de considérer la possibilité d'une révision, puis démissionne. Il est remplacé par le Général Chanoine, mais retrouve son poste de Gouverneur militaire.

20 septembre 1898

    • Zurlinden ordonne le début d'une enquête contre Picquart.

21 septembre 1898

    • Un procès contre Picquart et Leblois est repoussé à une date ultérieure.

22 septembre 1898

    • Picquart, toujours aux arrêts, est transféré dans la prison militaire du Cherche-Midi.

26 septembre 1898

    • Citant l'existence de nouvelles preuves, le Premier Ministre Brisson entame un processus de révision du procès Dreyfus auprès de la Cour de Cassation.

29 septembre 1898

    • La Cour accepte de mener une enquête sur les faits entourant l'affaire Dreyfus.

Septembre-Octobre 1898

    • Crise de Fachoda entre l'Angleterre et la France.

11 octobre 1898

    • Pour pouvoir payer les amendes et les frais du procès Zola du 10 août (l'équivalent de 300.000 dollars 1999 = 1 800 000 FF 1999), la Cour ordonne une adjudication des biens d'Emile Zola: le mobilier et les effets personnels de son domicile rue de Bruxelles sont mis aux enchères publiques pour une vente in absentia. Son éditeur, Eugène Fasquelle, acquiert le premier lot, le bureau de Zola, pour la totalité de la somme réclamée, 32 000 francs, mettant ainsi un terme à la vente.

25 octobre 1898

    • Le Général Chanoine démissionne.
    • De violentes manifestations antisémites ont lieu à Paris.

26 octobre 1898

    • Le gouvernement Brisson démissionne.

29 octobre 1898

    • La demande en révision du procès Dreyfus est reconnue recevable.

31 octobre 1898

    • Un nouveau gouvernement est formé par Charles Dupuy. Freycinet est Ministre de la Guerre.

4 novembre 1898

    • Sous le commandement du Colonel Marchand, les troupes françaises évacuent Fachoda.

Novembre-Décembre 1898

    • Joseph Reinach publie une séries d'articles dans Le Siècle (publiés ensuite sous le titre Le Crépuscule des traîtres) dans lesquels il accuse Henry de complicité avec Esterhazy.

18 novembre 1898

    • Le procès en cour martiale de Picquart commence.

14 décembre 1898

    • La Libre Parole commence une souscription pour aider la veuve de Henry à intenter un procès à Joseph Reinach.

31 décembre 1898

    • Fondation de la Ligue de la Patrie française, nationaliste et antidreyfusarde.

21 janvier 1899

    • A la suite d'une autre mise aux enchères des biens de Zola, l'éditeur Fasquelle achète un miroir et une table pour 2500 francs.

27 janvier 1899

    • Procès en diffamation contre Reinach intenté par Mme Henry.

28 janvier 1899

    • Une loi est proposée qui permettrait à une demande en révision du procès Dreyfus d'être présentée devant une cour d'appel tout à fait exceptionnelle, dans laquelle les trois chambres seraient réunies simultanément (loi de dessaisissement).

10 février 1899

    • Cette proposition, qui modifie le processus judiciaire normal, est votée comme loi.
    • La Cour d'appel rejette les objections de l'Armée pour interrompre le processus de révision.

16 février 1899

    • Mort subite du Président Félix Faure.

18 février 1899

    • Le dreyfusard Emile Loubet est élu Président de la République.
    • Des manifestations nationalistes éclatent à Paris.

23 février 1899

    • Pendant les obsèques nationales de Félix Faure, Paul Déroulède, Jules Guérin et la Ligue des Patriotes tentent un coup d'état et sont arrêtés.

1er mars 1899

    • Le Sénat approuve la loi de dessaisissement.

21 mars 1899

    • La nouvelle Cour de Cassation, toutes chambres réunies, tient sa première session plénière, présidée par Charles Mazeau.
    • Les sessions dureront jusqu'au 23 avril. Cuignet et du Paty de Clam sont appelés à déposer comme témoins.

1er juin 1899

    • Du Paty de Clam, déjà mis en non-activité, est écroué.

3 juin 1899

    • La Cour d'appel annule le verdict de 1894. Les circonstances de l'arrestation, le procès de 1894 et les faits nouveaux établis depuis permettent de douter de la culpabilité de Dreyfus. Par décret, une nouvelle nouvelle cour martiale jugera Dreyfus à Rennes.

4 juin 1899

    • Aux courses d'Auteuil, le baron Christiani agresse le Président Loubet avec une canne.

5 juin 1899

    • Zola rentre en France et dénonce le verdict de Versailles qui l'a condamné.
    • Picquart est libéré.
    • Dreyfus est informé que la demande de révision de son procès a été finalement approuvée.
    • Il quitte définitivement l'Ile du Diable le 9 juin.

11 juin 1899

    • Une grande manifestation assure Loubet du soutien des républicains.

12 juin 1899

    • Le cabinet Dupuy démissionne.

13 juin 1899

    • Picquart et Leblois bénéficient d'un non-lieu.

22 juin 1899

    • Un nouveau gouvernement est formé par René Waldeck-Rousseau. Ce "gouvernement de défense républicaine" réunit des extrêmes: ainsi le socialiste Millerand, comme Ministre du Commerce, siège-t-il aux côtés du Général de Galliffet, l'organisateur de la sanglante répression contre la Commune, nommé Ministre de la Guerre.

1er juillet 1899

    • Dreyfus rentre en France et reste aux arrêts à la prison militaire de Rennes.

18 juillet 1899

    • Esterhazy révèle dans Le Matin qu'il est l'auteur du "bordereau" mais sur l'ordre de ses supérieurs et sous leur dictée.

7 août 1899

    • Le second procès Dreyfus commence à Rennes, de manière à éviter les manifestations de la foule parisienne.

12 août 1899

    • Le Général Mercier est appelé comme témoin.
    • A Paris, la police a commencé à arrêter des manifestants nationalistes, y compris Paul Déroulède. Jules Guérin, le directeur du journal antisémite L'Antijuif, se barricade avec des amis au siège de la Ligue des Patriotes, rue de Chabrol. Le "Siège du Fort-Chabrol", comme l'a appelé la presse populaire, durera jusqu'au 20 septembre.

14 août 1899

    • A Rennes, un fanatique tire un coup de revolver sur l'avocat de Dreyfus, Labori, qui restera dans un état critique pendant quelques jours.

9 septembre 1899

    • Malgré les preuves qui témoignent de son innocence, Dreyfus est une fois de plus déclaré coupable de trahison, cette fois-ci "avec des circonstances atténuantes". Il est condamné à dix ans de réclusion. L'absurdité du verdict provoque un scandale.

19 septembre 1899

    • Avec l'accord absolu du cabinet Waldeck-Rousseau, Loubet accorde sa grâce présidentielle à Dreyfus. Malgré l'avis de plusieurs de ses défenseurs, l'officier innocent, épuisé après six ans d'isolation pénitentiaire dans des circonstances extrêmement pénibles, accepte la grâce avec la garantie qu'il pourra continuer à lutter pour prouver son innocence.
    • Le même jour, Scheurer-Kestner meurt du cancer contre lequel il lutte depuis plusieurs années.

21 septembre 1899

    • Le Ministre de la Guerre, le Général de Galliffet, proclame officiellement que "l'incident est clos".

1er mars 1900

    • Au Sénat, une proposition de loi déclarant une amnistie générale sur toutes les poursuites relatives à l'affaire Dreyfus est débattue.

15 avril 1900

    • Inauguration de l'Exposition universelle à Paris.

28 mai 1900

    • Galliffet démissionne. Le Général André devient Ministre de la Guerre.

18 décembre 1900

    • La Chambre des députés approuve la "loi d'amnistie".

27 décembre 1900

    • La loi d'amnistie générale, couvrant toutes les infractions et les procès découlant de l'affaire Dreyfus, est approuvée par le Sénat.
    • Alfred Dreyfus demande cependant une exception de manière à pouvoir prouver son innocence. Cette exception est accordée.

15 juin 1902

    • Un nouveau gouvernement est formé par Emile Combes, avec le Général André comme Ministre de la Guerre.

29 septembre 1902

    • Zola meurt "accidentellement", asphyxié par de l'oxyde de carbone dans son appartement. A ses obsèques, le 5 octobre, Anatole France déclare qu'il fut "un moment de la conscience humaine".

6 avril 1903

    • A la Chambre des Députés, Jaurès exige la révision du verdict de Rennes, arguant le fait que le "bordereau" a certainement eu une influence sur la décision des juges.

4 juin 1903

    • Le Ministre de la Guerre André demande à son représentant, le Capitaine Targe, de commencer une enquête sur le verdict de Rennes.

1er septembre 1903

    • Mort de Bernard-Lazare

19 octobre 1903

    • Le Général André annonce que les conclusions du Capitaine Targe sont favorables à Dreyfus et ouvrent la possibilité d'une révision.

26 novembre 1903

    • Faisant références aux conclusions de l'enquête du Capitaine Targe, Dreyfus fait appel au Garde des Sceaux demandant une révision du verdict de Rennes.

5 mars 1905

    • La Cour d'appel accorde à Dreyfus une nouvelle enquête.

19 novembre 1905

    • L'enquête se termine en faveur de Dreyfus

28 novembre 1904

    • La Cour d'appel déclare la demande en révision recevable. L'affaire est traduite devant la Cour de Cassation, toutes chambres réunies.

Décembre 1905

    • La Loi de Séparation de l'Eglise et de l'Etat est votée.

18 février 1906

    • Fin du mandat présidentiel d'Emile Loubet: il est le premier président, depuis la proclamation de la
    • Troisième République, à terminer son mandat normalement. Armand Fallières est élu pour lui succéder.

12 juillet 1906

    • A la suite d'une nouvelle enquête, la Cour de Cassation, toutes chambres réunies, annule le verdict de Rennes, prononce la réhabilitation de Dreyfus et proclame son innocence.

13 juillet 1906

    • La Chambre des Députés passe une loi rétablissant Dreyfus dans l'Armée au grade de Chef d'escadron. Picquart est nommé Général de brigade. Une autre loi ordonne que les cendres de Zola soient placées dans le Panthéon.

20 juillet 1906

    • Alfred Dreyfus est fait Chevalier de la Légion d'honneur dans la même cour de l'Ecole Militaire où il a été dégradé onze ans auparavant.
    • Aux cris enthousiastes de "Vive Dreyfus!", il répond fièrement: "Non, Messieurs, je vous en prie. Vive la France!"


Epilogue

15 octobre 1906

    • Le Lieutenant-colonel Dreyfus reprend ses fonctions militaires à Vincennes.

25 octobre 1906

    • Le Président Fallières demande à Clemenceau de former un nouveau cabinet. Le Général Picquart devient Ministre de la Guerre.

26 juillet 1907

    • Alfred Dreyfus prend sa retraite. Il mènera désormais une vie privée très discrète.

4 juin 1908

    • Les cendres de Zola sont transférées au Panthéon. Pendant la cérémonie, le journaliste Louis Grégori tire deux coups de revolver sur Dreyfus, le blessant légèrement au bras. Il sera acquitté le 11 septembre.

19 janvier 1914

    • Picquart meurt à la suite d'un accident de cheval. Il a droit à des obsèques nationales.

1914-1918

    • Première Guerre mondiale.

1916

    • Du Paty de Clam s'est ré-engagé lui aussi et meurt de ses blessures reçues aux combats sur la Marne.

1917

    • Georges Clemenceau devient Premier Ministre.
    • Alfred Dreyfus se ré-engage et se bat à Verdun. Son fils Pierre est gazé; le fils de Mathieu Dreyfus, Emile, ainsi que son gendre Adolphe (le fils de Joseph Reinach), meurent au champ d'honneur.
    • Schwartzkoppen, ré-engagé, tombe malade sur le front de l'est et meurt. Sur son lit de mort, il s'écrie: "Français, écoutez-moi! Dreyfus est innocent!"
    • Edouard Drumont meurt pratiquement dans la misère.

1921

    • Mort de Joseph Reinach

1923

    • Mort d'Esterhazy, sous un faux nom, en exil en Angleterre.

1926

    • Le Vatican condamne Maurras et son Action Française.

1929

    • Mort de Clemenceau.

1930

    • Mort de Mathieu Dreyfus.

1935

    • Mort d'Alfred Dreyfus.

1939-45

    • Seconde Guerre mondiale

17 juin 1940

    • Armistice. le Maréchal Pétain devient Chef de l'Etat français. Fin de la Troisième République.

1941

    • Occupation allemande de la France: la police du régime de Vichy fait appliquer les nouvelles lois antisémites passées sous le gouvernement de Pierre Laval. le fils de du Paty de Clam est nommé Commissaire général aux questions juives. Une cérémonie est organisée à la mémoire d'Edouard Drumont.
    • Lucie Dreyfus et sa famille se réfugient à Montpellier.

1943

    • Jean-Pierre, le petit-fils de Mathieu, combattant de la France Libre, est tué pendant une mission. Madeleine, l'une des petites-filles d'Alfred et membre de la Résistance, est déportée à Auschwitz où elle meurt.

1944

    • Libération de la France. Le Général de Gaulle est chef d'état.

Janvier 1945

    • Procès pour collaboration de Charles Maurras, l'un des chefs de l'Action Française. Condamné à perpétuité, il s'écrie: "C'est la revanche de l'affaire Dreyfus!"

Août 1945

    • Pétain est jugé et condamné à mort. le Général de Gaulle commue la peine en incarcération perpétuelle.

Octobre 1945

    • Laval est jugé et condamné à mort. Il est fusillé.

Décembre 1945

    • Mort de Lucie Dreyfus.

1972

    • Le Conseil municipal de Rennes décide de ne pas donner le nom de Dreyfus au lycée dans lequel a eu lieu le second procès en 1899. Il accepte cependant de le nommer Lycée Emile Zola.

1973

    • Une loi interdisant toute manifestation d'antisémitisme est votée à l'unanimité à l'Assemblée nationale. "En France, l'anti-sémitisme n'est pas une question d'opinion: c'est un crime." (Michel Rocard, 1990).

1985

    • Une statue d'Alfred Dreyfus exécutée par l'artiste Tim, commandée par le Ministre de la Culture Jack Lang, ne peut être installée dans la cour de l'Ecole Militaire où la dégradation a eu lieu en 1895: l'Armée refuse de donner son accord.

9 juin 1988

    • La statue est placée dans le Jardin des Tuileries. Elle sera installée plus tard sur le Boulevard Raspail.

Février 1994

    • Le Colonel Gaujac, rédacteur d'une brochure publiée par les services de l'Armée, est mis à la retraite d'office après le scandale causé par un article qui se termine par: "Aujourd'hui, l'innocence de Dreyfus est la version généralement acceptée par les historiens."

Septembre 1995

    • L'Armée française admet publiquement que Dreyfus a été condamné par erreur. Le Général Mourrut, en grand uniforme, déclare devant le Consistoire juif que : "l'Affaire était une conspiration militaire qui amena la déportation d'un innocent et qui était fondée en partie sur un faux document".

13 janvier 1998

    • Pour le centenaire de "J'accuse...!", le Premier Ministre Lionel Jospin et le Parlement français honorent Emile Zola, le défenseur de la Vérité et de la Justice. Une gigantesque reproduction de "J'accuse...!" est drapée devant la façade de l'Assemblée nationale.
    • Une plaque commémorative est placée dans la cour de l'Ecole militaire.
    • Jacques Chirac, Président de la République, répond à la "Lettre ouverte" ("J'accuse...!") qu'Emile Zola adressa à son prédécesseur Félix Faure, cent ans auparavant. S'adressant aux familles Dreyfus et Zola, il exprime la reconnaissance de la France pour le courage de leurs ancêtres devant la haine, l'injustice et l'intolérance.

Il y a tout juste un siècle, la France traversait une crise grave et profonde. L'Affaire Dreyfus, comme un soc de charrue, déchirait la société française, séparait les familles, divisait le pays en deux camps ennemis qui s'affrontaient avec une rare violence. Parce que le capitaine Dreyfus devait à tout prix rester coupable, les procès qui se succédaient n'étaient que de tristes mascarades. Après avoir eu ses galons arrachés et le sabre brisé, il payait cher, l'île du Diable, les machinations ourdies dans le secret de quelque bureau.

Malgré la ténacité de la famille du capitaine Dreyfus, l'affaire aurait pu être classée. Tache sombre, indigne de notre pays et de notre histoire, colossale erreur judiciaire et honteuse compromission d'Etat. Mais un homme s'est élevé contre le mensonge, la bassesse et la lâcheté. Indigné devant l'injustice qui frappait le capitaine Dreyfus, dont le seul crime était d'être juif, Emile Zola lança comme un cri son fameux "J'accuse...!". Publié le 13 janvier 1898 dans L'Aurore, ce texte devait frapper les esprits comme la foudre et changer en quelques heures le destin de l'Affaire. La vérité était en marche.

Ce jour-là, Emile Zola s'était adressé au Président de la République. Aujourd'hui, nous fêtons le centenaire de cette lettre qui est entrée dans l'Histoire. Aujourd'hui, je voudrais dire aux familles Dreyfus et Zola combien la France est reconnaissante envers leurs ancêtres d'avoir su, avec un courage admirable, donner tout leur sens aux valeurs de liberté, de dignité et de justice.

N'oublions jamais que celui qui fut réhabilité aux cris de "Vive Dreyfus!" répondit d'une voix forte: "Non, vive la France!". Malgré l'humiliation, l'exil, la souffrance, atteint dans son coeur et dans sa chair, blessé dans sa dignité, le capitaine Dreyfus avait su pardonner. Magnifique pardon, magnifique réponse: l'amour de la patrie contre l'intolérance et la haine.

N'oublions jamais le courage d'un grand écrivain qui, prenant tous les risques, mettant en péril sa tranquillité, sa notoriété et même sa vie, osa prendre la plume pour mettre son talent au service de la vérité. Emile Zola, haute figure littéraire et morale, avait compris qu'il avait la responsabilité d'éclairer et le devoir de parler quand d'autres se taisaient. Dans la lignée de Voltaire, il incarne, depuis, le meilleur de la tradition intellectuelle.

La tragédie du capitaine Dreyfus s'est déroulée il y a un siècle. Pourtant, après tant d'années, elle parle d'une voix forte à nos coeurs. Le texte de Zola est resté dans la mémoire collective comme "un moment de la conscience humaine". Un demi-siècle après Vichy, nous savons que les forces obscures, l'intolérance, l'injustice peuvent s'insinuer jusqu'au sommet de l'Etat. Mais nous savons aussi que la France sait se retrouver pour le meilleur, dans les moments de vérité, grande, forte, unie et vigilante. C'est sans doute cela que nous disent, par delà les années, Emile Zola et Alfred Dreyfus. C'est parce qu'ils avaient foi dans nos valeurs communes, les valeurs de la Nation et de la République et qu'ils aimaient profondément la France, que ces deux hommes d'exception ont su la réconcilier avec elle-même.

N'oublions jamais cette magistrale leçon d'amour et d'unité.

Jacques Chirac

Président de la République française

Décembre 1999

    • La Ville de Paris décide de donner le nom d'Alfred Dreyfus à une place dans le 15ème Arrondissement au croisement de l'Avenue Emile-Zola.

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